Système d'émulation ou de motivation?

Au primaire, je me souviens d'avoir eu plusieurs systèmes qui servaient à encourager les bons coups de chaque élève. Parfois, c'était des autocollants ou des points amassés à côté de son nom tandis que d'autres fois, c'était des ceintures de karaté: il fallait se rendre jusqu'à la ceinture noire. Parfois, on pouvait perdre des points si on oubliait de faire un devoir ou si on ne respectait pas la consigne demander.

J'ai toujours pensé que ces systèmes (qu'on appelle système d'émulation dans le jargon de l'enseignement) était la norme et que nous devions absolument utiliser cette façon de faire dans notre classe. À l'automne 2015, j'ai eu le cours Organisation pédagogique et relation éducative au primaire donné par Suzanne Martin. J'ai eu tout un choc puisque j'ai appris que, non seulement les système d'émulation n'étaient pas efficaces, mais pouvaient également nuire aux élèves dans certains cas. Il ne faut pas non plus voir ces systèmes comme étant complètement inutiles. Ils ont un rôle à jouer dans des cas précis. Archambault et Chouinard mentionnent que le système d'émulation "doit-être appliqué uniquement en cas de difficultés graves et persistantes, lorsque les interventions plus légères restent sans effet... On réservera donc le système d'émulation pour les problèmes de comportement graves". Ils en font donc ressortir que les classes spécialisées sur les troubles de comportement pourraient en retirer du positif. Dans les classes ordinaires, les systèmes d'émulation renforcent les comportements positifs des bons élèves qui auraient de bons comportements même s'il n'y avait pas de système d'émulation (Archambault et Chouinard).

Alors, comment les remplacer? C'est à ce moment que j'ai appris l'existence des systèmes de motivation. Contrairement aux systèmes d'émulation, ces systèmes misent sur la motivation des élèves dans un contexte de groupe. Un élève a besoin de reconnaissance, de soutien et de réussite pour avoir une bonne estime de soi (Suzanne Martin). Dans ce cours, j'ai appris comment mettre en place un système de motivation. Tout d'abord, les élèves doivent avoir confiance en l'enseignant. Ils doivent également pouvoir atteindre les objectifs demandés et connaître ces objectifs. Ces systèmes peuvent prendre différentes formes, mais doivent servir à "accroitre l'estime de soi de l'enfant et son sentiment d'appartenance au groupe" (Note de cours, Organisation pédagogique et relation éducative au primaire) et cela sous trois pôles: le comportement social, académique et le respect de certaines règles.

J'ai voulu en faire l'expérience. Durant mon troisième stage, qui se déroulait dans un Lycée français, j'ai mis en place "l'érable du Québec". À chaque jour, je remettais une feuille d'érable à un élève qui avait fait un bon coup ou respecté une consigne. Il allait l'accrocher sur l'arbre à l'arrière et il était applaudi par le reste de la classe. Lorsque l'arbre fût bien garni, les élèves ont pu vivre une après-midi québécoise. C'était donc une récompense collective et pédagogique. Ce système m'a également aidé à renforcer l'estime de soi d'un de mes élèves qui avait beaucoup de difficulté à croire en lui et qui se sous estimait à tous les jours. Avec les trois feuilles qu'il a reçu, il a été applaudi par ses camarades de classe et recevait même des tapes amicales pour le féliciter! J'ai également eu un espion (un différent chaque jour) qui m'aidait à repérer les bons coups des élèves. Je dois avouer qu'au début, les élèves avaient un peu de difficulté à trouver les bons coups et me partageaient souvent les comportements qui n'avaient pas été adéquats. J'ai insisté sur la recherche de comportements positifs et rapidement, mes élèves sont devenus des experts en comportements positifs! Le climat de classe était très positif et j'ai adoré l'expérience autant que mes élèves. Même si l'après-midi québécoise était terminée, ils ont tout de même voulu continuer la remise des feuilles. Ce fût un de mes coups de cœur de mon troisième stage!

Références:

Archambault, J., Chouinard, R (s.d), Vers une gestion éducative de la classe, pages 139 à 148

Martin, Suzanne (2015) Organisation pédagogique et relation éducative au primaire, Département de didactique (DDD 2210).