Augmenter le nombre d’élèves par classe? Pas question!


J’ai été désagréablement surprise en lisant l’article intitulé : Le nombre d’élèves par classe doit augmenter, suggère un professeur écrit par Daphée Dorion-Viens, paru dans Le Soleil, le 27 octobre 2014. M. Égide Royer, professeur en adaptation scolaire à l’Université Laval, propose d’augmenter le nombre d’élèves par classe afin d'accroître le nombre de services offerts par des professionnels tels que des orthopédagogues ou des psychoéducateurs. Ayant déjà vécu un stage et connu la réalité des enseignants, je crois qu’il serait déraisonnable d’ajouter un élève supplémentaire par classe.

 

Comme le mentionne la Fédération autonome de l’enseignement (FAE), le nombre maximum d’élèves en première année se situe à 25 élèves. Comment un enseignant, qui a déjà atteint ce maximum et qui peine à apporter une aide individuelle à chacun, peut-il arriver à accueillir un élève supplémentaire? Selon une étude réalisée par Jonh Hattie, portant sur plusieurs méta-analyses et concernant près de 250 millions d'enfants, les plus petites classes n'auraient que peu d'effets sur la réussite scolaire de chaque élève. Par contre, plusieurs facteurs tiennent un rôle très important pour cette réussite: la relation de confiance entre l'enseignant et l'élève, des programmes encourageant la lecture ou encore la formation continue des enseignants spécifiques en la matière permettent aux enfants d'améliorer leurs résultats. (John Hattie, 2009). Pourtant, augmenter le nombre d'élèves par classe diminue la possibilité à l'enseignant de créer une bonne relation de confiance et ne lui permet pas de s'investir complètement dans la mise en place de programme spécifiques. On peut donc dire que d'avoir de petites classes n'aident pas énormément, mais qu'en avoir de trop grosses peut nuire considérablement. Puis, la coupure dans le budget des commissions scolaires viendrait probablement nuire à la formation continue des enseignants puisqu'il n'y aura plus de fonds disponibles pour les mettre en place. Actuellement, les coupures ministérielles viennent réduire les services offerts aux élèves ainsi que le budget des commissions scolaires. Ces dernières n’auraient-elles pas tendance à vouloir garder l’argent libéré pour renflouer leurs coffres? De plus, il faut également mentionner que, selon la FAE, une compensation salariale est remise à l’enseignant qui dépasse le ratio d’élèves ce qui ajoute une dépense à la commission scolaire. 

 

Par la suite, Mme Josée Scalabrini, présidente de la Fédération des Syndicats de l’enseignement (FSE), explique également qu’augmenter le nombre d’élèves diminue l’attention apportée aux élèves en difficulté qui sont de plus en plus nombreux dans les classes ordinaires. Dans ce sens, le Ministère de l'Éducation, du Loisir et du Sport, mentionne que la diminution du nombre d'élèves par classe aurait des répercussions positives. «La réduction de la taille des groupes d'élèves [...] permet d'offrir de meilleures conditions d'apprentissage, d'améliorer les relations entre les enseignants et les élèves et d'intervenir rapidement dès les premières manifestations de difficultés.» (Ministère de l'Éducation, du Loisir et du Sport). Cette diminution s'est produite entre 2010 et 2013 de façon progressive et ce, dans les classes les moins âgées. Aujourd'hui, ce même gouvernement souhaite revenir sur ses pas, mais également dépasser le nombre maximum d'élèves par classe actuellement permis. Si vous souhaitez connaitre davantage le nombre d'élèves par classe possible, je vous invite à consulter le site internet de l'Alliance des enseignants (convention collective).


D’un autre côté, M. Égide Royer y voit l’occasion d’augmenter l’aide aux élèves en ouvrant des postes pour les spécialistes. Il est vrai que l’augmentation des services offerts peut être très bénéfique pour les élèves, mais il ne faut pas oublier que l’enseignant reste celui qui enseigne la matière aux enfants et qui les accompagne tout au long de l’année scolaire. Ne devrions-nous pas encadrer et former davantage les enseignants pour répondre aux besoins des élèves en difficulté? Une formation plus développée pour aider les élèves handicapés, en difficulté d'adaptation et d'apprentissage (EHDAA) et un nombre moins élevé d'enfants par classe pourrait probablement aider les jeunes en difficulté à compléter leur cheminement scolaire et à se développer globalement. De plus, le gouvernement actuel veut faire disparaître les côtes données aux élèves HDAA pour qu'ils comptent seulement pour un et non pour deux dans certains cas. Veuillez consulter le document Élèves HDAA aux pages 2, 6 et 7 pour en connaître davantage.

 

Voici donc un bilan fort douteux: en enlevant les cotes des élèves HDAA et en augmentant le nombre d'élèves par classe pour tous les niveaux du primaire, l'enseignant devrait-il être encore en mesure de répondre aux besoins et de favoriser la réussite de chaque élève de sa classe? En tenant compte des facteurs pouvant améliorer les réussites, comment un enseignant pourra-t-il les mettre en place s'il manque de temps? Je soulève ces questions dans l’espoir que les décisions prises seront réfléchies, raisonnables et  placeront les élèves en tête.  

 

Si vous souhaiter lire l'article, vous n'avez qu'à cliquer sur le lien ci-dessous:

http://www.lapresse.ca/le-soleil/actualites/education/201410/26/01-4812833-le-nombre-deleves-par-classe-doit-augmenter-suggere-un-professeur.php


Voici un site résumant les facteurs pouvant aider ou nuire à la réussite scolaire des élèves

selon John Hattie: 

http://visible-learning.org/wp-content/uploads/2014/06/john-hattie-francais-classement-apprentissage-visible-learning-ranking.png

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Pour en connaître davantage sur les cotes des élèves HDAA. Les pages 2, 6 et 7 sont les plus pertinentes.
Élèves HDAA.pdf
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